On aurait pu s'en tenir aux pneus : passer des Bridgestone aux Pirelli
aurait largement suffi à mettre les meilleures équipes en danger et à
offrir aux challengers l'opportunité de faire un bond à travers des
partis-pris techniques innovants. L'assurance d'un bon lifting pour la
F1, en somme. Mais une nouvelle fois, la série n'a pu s'empêcher de
partir dans plusieurs directions : elle a remis le KERS dans le circuit
et diaboliquement déplacé le volet ajustable de l'aileron avant sur
celui de l'arrière. Les recettes du suspense et du spectacle en 2011 ?
Un goût d'artifice, plus sûrement…
C'est un fait : l'usure des Pirelli poussera à observer trois haltes par GP, "au moins"
ont estimé tous les pilotes. Faut-il s'en plaindre ? Les gommes
nipponnes étaient indestructibles et n'avaient (presque) plus d'intérêt.
Massa les tenait pour responsables de ses malheurs. On verra bien si
les enveloppes milanaises qu'il encense sont si fantastiques que ça. A
l'opposé, Kobayashi, gros consommateur, a du souci à se faire et c'est
tout là le charme. Mais je retiens une chose dans tout ça : la
multiplication des arrêts va transformer les courses en foire aux
passages au stand et faire peser une énorme pression sur les lampistes.
Un mécanicien est souvent rétrogradé du circuit à l'usine sur une
boulette. Le turn over punitif pourrait bien augmenter cette
année. Aussi, j'aurais aimé que cette inflammation de pit stops
n'enferme pas le pilote dans la sacro-sainte "stratégie". Mais rien
n'est moins sûr. Plus il a une chance de "passer" un concurrent au
stand, moins il cherche l'ouverture dans un sillage incertain,
turbulent. C'est un réflexe normal.
Dans cette histoire, le KERS ne sera pas un argument décisif. La
réserve d'énergie est la même qu'en 2009 et on a vu que ça n'avait pas
servi à grand monde, à part Räikkönen à Spa-Francorchamps. En revanche,
l'aileron arrière sera d'un effet saisissant : 20 km/h de plus en Vmax !
Tout le monde va s'amuser. Trop en fait, car il suffira de se poster à
moins d'une seconde d'une voiture pour déclencher le système et passer
comme n'importe quel quidam sur l'autoroute. C'est là le problème
d'image auquel la F1 risque de se confronter. Et si les deux voitures
restent en contact, on aura droit à la même séquence à l'envers au tour
suivant. Bonjour la crédibilité des dépassements... C'est vrai, cela
mettra fin aux problèmes de trafic, mais on aurait pu pousser au
rationnement, octroyer trois ou quatre jokers maxi par course pour un
recours crucial et plus simplement banal. Et puis, ces dépassements
n'interviendront que sur une portion précise de circuit, ce qui lui
donnera une prépondérance. Le réalisateur télé risquera de faire
l'essuie-glace entre la pit lane et cette portion "élue" de 600 mètres,
où tout se passera. Aussi, beaucoup se sont inquiétés de l'impossibilité
de tout gérer au volant, entre KERS et aileron magique. Sans compter le
danger d'un volet bloqué tout ouvert à l'amorce d'un gros freinage ou
d'une entrée de virage rapide. Comme d'habitude, il faudra voir à
l'usage. Mais il serait étonnant qu'on en reste là.
Enfin, j'oubliais la dernière farce d'Ecclestone : fabriquer du
spectacle en arrosant la piste sans prévenir. Une provocation, rien de
plus. Tonton n'a pas le pouvoir de changer le règlement et le sait très
bien.
aurait largement suffi à mettre les meilleures équipes en danger et à
offrir aux challengers l'opportunité de faire un bond à travers des
partis-pris techniques innovants. L'assurance d'un bon lifting pour la
F1, en somme. Mais une nouvelle fois, la série n'a pu s'empêcher de
partir dans plusieurs directions : elle a remis le KERS dans le circuit
et diaboliquement déplacé le volet ajustable de l'aileron avant sur
celui de l'arrière. Les recettes du suspense et du spectacle en 2011 ?
Un goût d'artifice, plus sûrement…
C'est un fait : l'usure des Pirelli poussera à observer trois haltes par GP, "au moins"
ont estimé tous les pilotes. Faut-il s'en plaindre ? Les gommes
nipponnes étaient indestructibles et n'avaient (presque) plus d'intérêt.
Massa les tenait pour responsables de ses malheurs. On verra bien si
les enveloppes milanaises qu'il encense sont si fantastiques que ça. A
l'opposé, Kobayashi, gros consommateur, a du souci à se faire et c'est
tout là le charme. Mais je retiens une chose dans tout ça : la
multiplication des arrêts va transformer les courses en foire aux
passages au stand et faire peser une énorme pression sur les lampistes.
Un mécanicien est souvent rétrogradé du circuit à l'usine sur une
boulette. Le turn over punitif pourrait bien augmenter cette
année. Aussi, j'aurais aimé que cette inflammation de pit stops
n'enferme pas le pilote dans la sacro-sainte "stratégie". Mais rien
n'est moins sûr. Plus il a une chance de "passer" un concurrent au
stand, moins il cherche l'ouverture dans un sillage incertain,
turbulent. C'est un réflexe normal.
Dans cette histoire, le KERS ne sera pas un argument décisif. La
réserve d'énergie est la même qu'en 2009 et on a vu que ça n'avait pas
servi à grand monde, à part Räikkönen à Spa-Francorchamps. En revanche,
l'aileron arrière sera d'un effet saisissant : 20 km/h de plus en Vmax !
Tout le monde va s'amuser. Trop en fait, car il suffira de se poster à
moins d'une seconde d'une voiture pour déclencher le système et passer
comme n'importe quel quidam sur l'autoroute. C'est là le problème
d'image auquel la F1 risque de se confronter. Et si les deux voitures
restent en contact, on aura droit à la même séquence à l'envers au tour
suivant. Bonjour la crédibilité des dépassements... C'est vrai, cela
mettra fin aux problèmes de trafic, mais on aurait pu pousser au
rationnement, octroyer trois ou quatre jokers maxi par course pour un
recours crucial et plus simplement banal. Et puis, ces dépassements
n'interviendront que sur une portion précise de circuit, ce qui lui
donnera une prépondérance. Le réalisateur télé risquera de faire
l'essuie-glace entre la pit lane et cette portion "élue" de 600 mètres,
où tout se passera. Aussi, beaucoup se sont inquiétés de l'impossibilité
de tout gérer au volant, entre KERS et aileron magique. Sans compter le
danger d'un volet bloqué tout ouvert à l'amorce d'un gros freinage ou
d'une entrée de virage rapide. Comme d'habitude, il faudra voir à
l'usage. Mais il serait étonnant qu'on en reste là.
Enfin, j'oubliais la dernière farce d'Ecclestone : fabriquer du
spectacle en arrosant la piste sans prévenir. Une provocation, rien de
plus. Tonton n'a pas le pouvoir de changer le règlement et le sait très
bien.