Les Australiens sont très fiers. Fiers de leur identité nationale, de leur héritage et extrêmement fiers de leurs héros sportifs. Mark Webber ne fait pas exception. Bien qu'il réside au Royaume-Uni depuis que sa carrière ait prise son envol en 1996, il demeure un véritable fan de sports australiens.
Et il redevient un fan lorsque l'opportunité se présente - et la famille Red Bull lui a offert beaucoup d'opportunités. Ses invités lors des courses sont d'autres athlètes soutenus par la compagnie de boissons énergisantes : des pilotes de motocross, des légendes de MotoGP, des héros de Superbike et les meilleurs du foot. Au Bahreïn, en compagnie des légendes de la F1, il ne faisait pas que serrer les mains et se laisser prendre en photo avec les champions de F1 australiens Sir Jack Brabham et Alan Jones : il semblait sincèrement se considérer privilégié d'être en leur compagnie.
Et cette saison, malgré l'importante attention concentrée par le sport, les médias et sans doute l'équipe elle-même sur le Baby Schumi de 22 ans dans le garage voisin, Webber est là avec des réglages stables, une voiture rapide et, bien qu'elles soient plus faibles, des chances d'être couronné Champion du Monde cette année.
Les succès de Webber l'année dernière étaient le résultat de luttes acharnées et elles étaient bien méritées. Il faut se souvenir qu'il s'agit ici de l'homme qui avait débuté la saison sur des béquilles, des tiges métalliques supportant les os brisés de sa jambe droite, et dont les - minces - chances au titre se sont terminées sur le 46e tour du Grand Prix de Singapour (14e de 17 courses). Ensuite, malgré l'accident survenu lors des essais qui l'a conséquemment empêché de participer aux qualifications pour le GP du Japon, une course où il n'avait plus aucune chance de marquer des points, il avait travaillé sur les réglages de sa voiture avec son équipe alors que son coéquipier filait vers la victoire. Cette éthique du travail a été récompensée par une victoire solide à Interlagos lors de la course suivante au Brésil.
Alors, est-ce que ce travail assidu, tous ces efforts en plus de cette machinerie rapide pourraient réellement signifier que cette saison sera celle de Webber ? Peut-il profiter des victoires de l'année dernière, de la stabilité de son équipe et de ce qui est de toute évidence une voiture rapide pour devenir l'outsider de Down Under et remporter le titre ? Webber lui-même sait qu'il existe une chance de se retrouver au sommet du classement lorsque le drapeau à damiers sera agité à Abou Dhabi, mais typiquement (typiquement Webber mais également typiquement Australien), il ne considère pas ajouter son nom à ceux de Brabham et Jones pour le moment.
"Ce n'est aucunement impossible" a-t-il-dit au journal australien The Sunday Age. "Mais nous faisons face à une forte opposition. Vers août nous saurons. Il y a tellement de chemin à faire, alors c'est un peu ridicule de parler de titres mondiaux présentement."
"Je ne dirais pas que Seb et moi sommes de grands amis - nous sommes des individus compétitifs et c'est la nature de ce sport. Je n'aime pas être battu par lui et il n'aime pas être battu par moi"
Mark Webber
Mais les gens en parlent. Red Bull Racing est une des trois équipes à débuter l'année avec le même duo de pilotes et le même moteur avec lesquels elle a terminé la saison dernière (il est intéressant de noter que l'écurie sœur Toro Rosso en est une aussi, l'autre étant Force India), et l'équipe possède une véritable volonté et un sens de la continuité en vue d'atteindre ses objectifs. On parle beaucoup de Vettel, mais il est vrai qu'il se trouve à l'autre bout de sa carrière, un jeune pilote que M. Ecclestone lui-même donne comme futur champion. Ce qui fait probablement l'affaire de l'Australien. Webber travaille diligemment mais silencieusement pour améliorer chaque aspect de son talent, et bien que le duo ait apparemment peu en commun, ils possèdent tous les deux ce désir de réussir et cette ambition innée.
"Nous travaillons très fort tous les deux, c'est une très bonne équipe", déclarait Webber. "Je ne dirais pas que Seb et moi sommes de grands amis - nous sommes des individus compétitifs et c'est la nature de ce sport. Je n'aime pas être battu par lui et il n'aime pas être battu par moi."
Au lieu de se sentir menacé par la jeunesse et le potentiel de l'Allemand, Webber, à 33 ans et s'approchant des dernières étapes de sa carrière, est loin de se révolter contre le crépuscule; il est plutôt assez optimiste au sujet de cette saison.
Webber : "Ils ne donnent pas ces volants gratuitement"
"Généralement, j'ai pris chaque année à la fois. Au début de cette (nouvelle) saison, je me sens mieux et davantage motivé à continuer. Une fois que vous obtenez de bons résultats vous souhaitez que les courses aient lieu chaque weekend. Vous devez mériter vos galons, ils ne donnent pas ces volants gratuitement."
Avant d'arriver en Allemagne l'année dernière, Webber était souvent considéré, injustement, comme étant dépassé. Alors qu'il pouvait régulièrement signer de très bonnes qualifications, il n'arrivait pas à les convertir en victoires sur la distance d'une course. Il semblait qu'il allait terminer sa carrière sans jamais monter sur la plus haute marche du podium.
Mais un Red Bull Racing raffiné était dans le processus de délaisser son image de playboy du paddock pour plutôt bâtir sa réputation sur les voitures conçues par Adrian Newey et sa nouvelle passion pour les choses se passant sur la piste et non pour les activités hors-paddock; cela donnait à Webber la chance de convertir son travail assidu en trophées. Lors de la course suivant sa première victoire, après avoir perdu l'étiquette de 'dépassé', vous pouviez voir que l'homme était plus détendu, plus confiant et plus heureux.
"Lorsque vous courrez à ce niveau bon an mal an, que vous grimpez la colline sans jamais atteindre une victoire, vous demeurez un homme qui a presque réussi; mais lorsque vous gagnez des courses, les gens savent que vous pouvez commander ces longues courses et livrer la marchandise."
Ce qui est intéressant à noter, c'est que les voitures de Newey sont construites autour de Webber en premier avant d'être adaptées à la plus petite carrure de Sebastian Vettel. Cette semaine et dimanche prochain en particulier sera spécial non seulement pour Webber mais pour le pays aussi. C'est sur le circuit d'Albert Park que Webber a fait ses débuts en F1 en 2002, emmenant une Minardi (l'ADN de l'actuelle Toro Rosso) vers une spectaculaire cinquième place et ses premiers points en F1. L'année dernière Red Bull avait démontré du potentiel sur ce circuit mais le quittait sans aucun point. Webber espère non seulement des points cette fois, mais aussi un meilleur spectacle que celui présenté au Bahreïn.
"Nous savons que nous avons connu des courses étranges ici", nous a-t-il dit. "Nous avons eu des Voitures de Sécurité, de la météo intéressante et il s'agit d'un circuit urbain... Melbourne livre traditionnellement de drôles de résultats."
Ce qui ne serait pas étrange, ce serait de voir Webber laisser sa marque sur le championnat lors de cette épreuve. Il a raconté à la presse que Red Bull dévoilera un nouveau châssis plus léger pour cette course et ils espèrent continuer sur la lancée positive (mis à part une bougie rebelle) de Bahreïn. L'équipe et Webber sont sérieux dans leur objectif de freiner l'élan du Cheval cabré et s'assurer que les Taureaux prennent le championnat par les cornes avant la course en Malaisie.
Par le temps qu'il se retrouvera sur la grille de départ, en plus des habituelles rencontres avec les sponsors, les interviews et les apparitions à la télé, Webber aura participé à un déjeuner pour héros sportifs australiens, prononcé un discours devant une université locale, et reçu une réception civique dans sa ville natale de Queanbeyan. Mais plus révélateur encore, il verra un des gradins du Grand Prix porter son nom. Les organisateurs d'Albert Park ont décidé de placer Webber entre les tribunes Fangio et Senna près du virage 16.
Qui sait sur quelle liste ces trois noms pourraient se retrouver à la fin de la saison ?
Cet article, dans sa version originale anglaise, est publié dans l'édition courante de GP Week.
Et il redevient un fan lorsque l'opportunité se présente - et la famille Red Bull lui a offert beaucoup d'opportunités. Ses invités lors des courses sont d'autres athlètes soutenus par la compagnie de boissons énergisantes : des pilotes de motocross, des légendes de MotoGP, des héros de Superbike et les meilleurs du foot. Au Bahreïn, en compagnie des légendes de la F1, il ne faisait pas que serrer les mains et se laisser prendre en photo avec les champions de F1 australiens Sir Jack Brabham et Alan Jones : il semblait sincèrement se considérer privilégié d'être en leur compagnie.
Et cette saison, malgré l'importante attention concentrée par le sport, les médias et sans doute l'équipe elle-même sur le Baby Schumi de 22 ans dans le garage voisin, Webber est là avec des réglages stables, une voiture rapide et, bien qu'elles soient plus faibles, des chances d'être couronné Champion du Monde cette année.
Les succès de Webber l'année dernière étaient le résultat de luttes acharnées et elles étaient bien méritées. Il faut se souvenir qu'il s'agit ici de l'homme qui avait débuté la saison sur des béquilles, des tiges métalliques supportant les os brisés de sa jambe droite, et dont les - minces - chances au titre se sont terminées sur le 46e tour du Grand Prix de Singapour (14e de 17 courses). Ensuite, malgré l'accident survenu lors des essais qui l'a conséquemment empêché de participer aux qualifications pour le GP du Japon, une course où il n'avait plus aucune chance de marquer des points, il avait travaillé sur les réglages de sa voiture avec son équipe alors que son coéquipier filait vers la victoire. Cette éthique du travail a été récompensée par une victoire solide à Interlagos lors de la course suivante au Brésil.
Alors, est-ce que ce travail assidu, tous ces efforts en plus de cette machinerie rapide pourraient réellement signifier que cette saison sera celle de Webber ? Peut-il profiter des victoires de l'année dernière, de la stabilité de son équipe et de ce qui est de toute évidence une voiture rapide pour devenir l'outsider de Down Under et remporter le titre ? Webber lui-même sait qu'il existe une chance de se retrouver au sommet du classement lorsque le drapeau à damiers sera agité à Abou Dhabi, mais typiquement (typiquement Webber mais également typiquement Australien), il ne considère pas ajouter son nom à ceux de Brabham et Jones pour le moment.
"Ce n'est aucunement impossible" a-t-il-dit au journal australien The Sunday Age. "Mais nous faisons face à une forte opposition. Vers août nous saurons. Il y a tellement de chemin à faire, alors c'est un peu ridicule de parler de titres mondiaux présentement."
"Je ne dirais pas que Seb et moi sommes de grands amis - nous sommes des individus compétitifs et c'est la nature de ce sport. Je n'aime pas être battu par lui et il n'aime pas être battu par moi"
Mark Webber
Mais les gens en parlent. Red Bull Racing est une des trois équipes à débuter l'année avec le même duo de pilotes et le même moteur avec lesquels elle a terminé la saison dernière (il est intéressant de noter que l'écurie sœur Toro Rosso en est une aussi, l'autre étant Force India), et l'équipe possède une véritable volonté et un sens de la continuité en vue d'atteindre ses objectifs. On parle beaucoup de Vettel, mais il est vrai qu'il se trouve à l'autre bout de sa carrière, un jeune pilote que M. Ecclestone lui-même donne comme futur champion. Ce qui fait probablement l'affaire de l'Australien. Webber travaille diligemment mais silencieusement pour améliorer chaque aspect de son talent, et bien que le duo ait apparemment peu en commun, ils possèdent tous les deux ce désir de réussir et cette ambition innée.
"Nous travaillons très fort tous les deux, c'est une très bonne équipe", déclarait Webber. "Je ne dirais pas que Seb et moi sommes de grands amis - nous sommes des individus compétitifs et c'est la nature de ce sport. Je n'aime pas être battu par lui et il n'aime pas être battu par moi."
Au lieu de se sentir menacé par la jeunesse et le potentiel de l'Allemand, Webber, à 33 ans et s'approchant des dernières étapes de sa carrière, est loin de se révolter contre le crépuscule; il est plutôt assez optimiste au sujet de cette saison.
Webber : "Ils ne donnent pas ces volants gratuitement"
"Généralement, j'ai pris chaque année à la fois. Au début de cette (nouvelle) saison, je me sens mieux et davantage motivé à continuer. Une fois que vous obtenez de bons résultats vous souhaitez que les courses aient lieu chaque weekend. Vous devez mériter vos galons, ils ne donnent pas ces volants gratuitement."
Avant d'arriver en Allemagne l'année dernière, Webber était souvent considéré, injustement, comme étant dépassé. Alors qu'il pouvait régulièrement signer de très bonnes qualifications, il n'arrivait pas à les convertir en victoires sur la distance d'une course. Il semblait qu'il allait terminer sa carrière sans jamais monter sur la plus haute marche du podium.
Mais un Red Bull Racing raffiné était dans le processus de délaisser son image de playboy du paddock pour plutôt bâtir sa réputation sur les voitures conçues par Adrian Newey et sa nouvelle passion pour les choses se passant sur la piste et non pour les activités hors-paddock; cela donnait à Webber la chance de convertir son travail assidu en trophées. Lors de la course suivant sa première victoire, après avoir perdu l'étiquette de 'dépassé', vous pouviez voir que l'homme était plus détendu, plus confiant et plus heureux.
"Lorsque vous courrez à ce niveau bon an mal an, que vous grimpez la colline sans jamais atteindre une victoire, vous demeurez un homme qui a presque réussi; mais lorsque vous gagnez des courses, les gens savent que vous pouvez commander ces longues courses et livrer la marchandise."
Ce qui est intéressant à noter, c'est que les voitures de Newey sont construites autour de Webber en premier avant d'être adaptées à la plus petite carrure de Sebastian Vettel. Cette semaine et dimanche prochain en particulier sera spécial non seulement pour Webber mais pour le pays aussi. C'est sur le circuit d'Albert Park que Webber a fait ses débuts en F1 en 2002, emmenant une Minardi (l'ADN de l'actuelle Toro Rosso) vers une spectaculaire cinquième place et ses premiers points en F1. L'année dernière Red Bull avait démontré du potentiel sur ce circuit mais le quittait sans aucun point. Webber espère non seulement des points cette fois, mais aussi un meilleur spectacle que celui présenté au Bahreïn.
"Nous savons que nous avons connu des courses étranges ici", nous a-t-il dit. "Nous avons eu des Voitures de Sécurité, de la météo intéressante et il s'agit d'un circuit urbain... Melbourne livre traditionnellement de drôles de résultats."
Ce qui ne serait pas étrange, ce serait de voir Webber laisser sa marque sur le championnat lors de cette épreuve. Il a raconté à la presse que Red Bull dévoilera un nouveau châssis plus léger pour cette course et ils espèrent continuer sur la lancée positive (mis à part une bougie rebelle) de Bahreïn. L'équipe et Webber sont sérieux dans leur objectif de freiner l'élan du Cheval cabré et s'assurer que les Taureaux prennent le championnat par les cornes avant la course en Malaisie.
Par le temps qu'il se retrouvera sur la grille de départ, en plus des habituelles rencontres avec les sponsors, les interviews et les apparitions à la télé, Webber aura participé à un déjeuner pour héros sportifs australiens, prononcé un discours devant une université locale, et reçu une réception civique dans sa ville natale de Queanbeyan. Mais plus révélateur encore, il verra un des gradins du Grand Prix porter son nom. Les organisateurs d'Albert Park ont décidé de placer Webber entre les tribunes Fangio et Senna près du virage 16.
Qui sait sur quelle liste ces trois noms pourraient se retrouver à la fin de la saison ?
Cet article, dans sa version originale anglaise, est publié dans l'édition courante de GP Week.
