Le jour où j'ai rencontré Frank Williams, c'était le même jour où j'ai rencontré Niki Lauda. C'était l'épreuve inaugurale de F2 de 1971 au Mallory Park où Frank faisait rouler sa paire de March 712M rouges pour Henri Pescarolo et Derek Bell. Mais alors que Niki était le petit nouveau du coin, Frank était déjà un des grands du sport, ayant fondé sa propre écurie de F1 deux années plus tôt avec une Brabham-Ford privée pilotée par feu Piers Courage.
C'est en 1971 qu'eut lieu la première rencontre entre Frank Williams et Alan Henry
J'ai été présenté à Frank par Mike Doodson, mon supérieur à l'équipe éditoriale de Motoring News, et l'homme qui fut auparavant le correspondant F2 du magazine. Mike allait couvrir le championnat mondial de F1 et il connaissait Frank extrêmement bien. Frank l'aimait beaucoup de toute évidence et j'ai presque senti la déception de sa réponse lorsque Mike lui a dit que je reprenais la couverture de la F2. Je me souviens qu'il m'a jeté un coup d'œil sommaire, question de reconnaître ma présence, ce qui m'a donné l'impression qu'il se demandait 'où Doodson a bien pu dénicher ce scrofuleux commis de banque ?' J'ai répondu quelque chose de simplet au sujet d'être enchanté de faire sa connaissance et me suis simplement tenu aux côtés de Dood qui rougissait comme une obèse betterave embarrassée.
Lorsque j'y pense, j'associe toujours Frank avec Jackie Stewart et Mario Andretti. Il me semblait qu'ils étaient tous si sèchement formels et totalement en contrôle de tout que, en plus d'une occasion, lorsque je tentais de démarrer une conversation ma bouche s'ouvrait et rien n'en sortait vraiment. Comme Jackie a par la suite remarqué, il ne s'agissait pas d'une condition qui semblait particulièrement tenace. Mais, il est intéressant de noter, bien que je me sois rapidement calmé avec Jackie et Mario, cela m'a pris des années avant de vaincre ma nervosité avec Frank.
Plus tard en 1971, un autre grand moment eut lieu pour démontrer à quel point je pouvais être une mauviette. Nous étions à l'épreuve F2 au Mantorp Park en Suède et Frank s'est présenté tout bonnement près de moi. "Vous serez ici tôt demain matin, j'en suis certain," m'a-t-il dit sur un ton qui semblait à mi-chemin entre une question et un ordre. Toute idée d'une grasse matinée venait de sortir par la fenêtre. J'ai déboulé quelque chose comme "oui, bien sûr" et Frank a suivi cela par "dans ce cas je me demande si cela vous dérangerait de m'emmener au circuit." Terrifié qu'on me rapporterait à Dood si j'échouais cette tâche, pour conséquemment être considéré incapable, j'ai docilement acquiescé et le lendemain matin la voiture était prête et bien réchauffée, patientant à l'entrée de l'hôtel local à ce qui me semblait une heure impossible.
L'équipe ISO Marlboro de Frank Williams n'a terminé que cinq courses en 1974
Sutton Images
Ce n'est que plus tard que j'ai réalisé que Frank dépendait de moi car le budget de son équipe de F2 n'avait pas d'argent pour louer une voiture. Bien des années plus tard un de ses anciens collègues m'a dit "on n'avait vraiment pas un pot pour pisser dedans pour la majorité de 1971, c'était vraiment du jour-le-jour." Naïvement, j'avais présumé que toute personne opérant une écurie de F1 était très confortable. Mais Frank était toujours au bord du gouffre à cette époque lorsqu'il était question d'argent, bien qu'il le cachait bien sous une apparence bien soignée et de bon goût.
Quelques années plus tard, c'était la même histoire. Je crois que c'était en 1974, lorsque la blague concernant l'équipe Williams, c'était de dire que la plupart des équipes avaient deux voitures et trois moteurs, mais Frank avait deux voitures et un moteur pour les deux. Ce n'était pas exactement le cas, mais cela donnait une nouvelle définition à l'expression "au jour-le-jour"
J'ai écrit quelque chose pour Motoring News, pour qui j'étais devenu le correspondant F1, qu'il considéra quelque peu critique. Une lettre de Frank est arrivée la semaine suivante disant "Vous pensez peut-être que je suis une blague, mais vraiment nous tentons de construire les bases d'une équipe de F1 compétitive. Je ne suis pas seulement ici pour me promener dans la ligne des puits avec des pulls dispendieux."
Atterré, j'ai composé une lettre d'excuses qu'il a évidemment considérée excessivement lâche. Une seconde lettre est arrivée pour gentiment m'informer qu'il n'y a avait aucune raison de s'excuser en termes si abjects, tout en ajoutant "mon épouse est une très bonne cuisinière, venez dîner à la maison bientôt." J'ai senti que j'avais finalement réussi à connaître Frank Williams.
C'est en 1971 qu'eut lieu la première rencontre entre Frank Williams et Alan Henry
J'ai été présenté à Frank par Mike Doodson, mon supérieur à l'équipe éditoriale de Motoring News, et l'homme qui fut auparavant le correspondant F2 du magazine. Mike allait couvrir le championnat mondial de F1 et il connaissait Frank extrêmement bien. Frank l'aimait beaucoup de toute évidence et j'ai presque senti la déception de sa réponse lorsque Mike lui a dit que je reprenais la couverture de la F2. Je me souviens qu'il m'a jeté un coup d'œil sommaire, question de reconnaître ma présence, ce qui m'a donné l'impression qu'il se demandait 'où Doodson a bien pu dénicher ce scrofuleux commis de banque ?' J'ai répondu quelque chose de simplet au sujet d'être enchanté de faire sa connaissance et me suis simplement tenu aux côtés de Dood qui rougissait comme une obèse betterave embarrassée.
Lorsque j'y pense, j'associe toujours Frank avec Jackie Stewart et Mario Andretti. Il me semblait qu'ils étaient tous si sèchement formels et totalement en contrôle de tout que, en plus d'une occasion, lorsque je tentais de démarrer une conversation ma bouche s'ouvrait et rien n'en sortait vraiment. Comme Jackie a par la suite remarqué, il ne s'agissait pas d'une condition qui semblait particulièrement tenace. Mais, il est intéressant de noter, bien que je me sois rapidement calmé avec Jackie et Mario, cela m'a pris des années avant de vaincre ma nervosité avec Frank.
Plus tard en 1971, un autre grand moment eut lieu pour démontrer à quel point je pouvais être une mauviette. Nous étions à l'épreuve F2 au Mantorp Park en Suède et Frank s'est présenté tout bonnement près de moi. "Vous serez ici tôt demain matin, j'en suis certain," m'a-t-il dit sur un ton qui semblait à mi-chemin entre une question et un ordre. Toute idée d'une grasse matinée venait de sortir par la fenêtre. J'ai déboulé quelque chose comme "oui, bien sûr" et Frank a suivi cela par "dans ce cas je me demande si cela vous dérangerait de m'emmener au circuit." Terrifié qu'on me rapporterait à Dood si j'échouais cette tâche, pour conséquemment être considéré incapable, j'ai docilement acquiescé et le lendemain matin la voiture était prête et bien réchauffée, patientant à l'entrée de l'hôtel local à ce qui me semblait une heure impossible.
L'équipe ISO Marlboro de Frank Williams n'a terminé que cinq courses en 1974
Sutton ImagesCe n'est que plus tard que j'ai réalisé que Frank dépendait de moi car le budget de son équipe de F2 n'avait pas d'argent pour louer une voiture. Bien des années plus tard un de ses anciens collègues m'a dit "on n'avait vraiment pas un pot pour pisser dedans pour la majorité de 1971, c'était vraiment du jour-le-jour." Naïvement, j'avais présumé que toute personne opérant une écurie de F1 était très confortable. Mais Frank était toujours au bord du gouffre à cette époque lorsqu'il était question d'argent, bien qu'il le cachait bien sous une apparence bien soignée et de bon goût.
Quelques années plus tard, c'était la même histoire. Je crois que c'était en 1974, lorsque la blague concernant l'équipe Williams, c'était de dire que la plupart des équipes avaient deux voitures et trois moteurs, mais Frank avait deux voitures et un moteur pour les deux. Ce n'était pas exactement le cas, mais cela donnait une nouvelle définition à l'expression "au jour-le-jour"
J'ai écrit quelque chose pour Motoring News, pour qui j'étais devenu le correspondant F1, qu'il considéra quelque peu critique. Une lettre de Frank est arrivée la semaine suivante disant "Vous pensez peut-être que je suis une blague, mais vraiment nous tentons de construire les bases d'une équipe de F1 compétitive. Je ne suis pas seulement ici pour me promener dans la ligne des puits avec des pulls dispendieux."
Atterré, j'ai composé une lettre d'excuses qu'il a évidemment considérée excessivement lâche. Une seconde lettre est arrivée pour gentiment m'informer qu'il n'y a avait aucune raison de s'excuser en termes si abjects, tout en ajoutant "mon épouse est une très bonne cuisinière, venez dîner à la maison bientôt." J'ai senti que j'avais finalement réussi à connaître Frank Williams.
