Suite au Grand Prix de Bahreïn, le directeur technique de la nouvelle écurie Lotus, Mike Gascoyne, livre ses impressions à GP Week.
Comment ça va (chez Lotus) ?
Bien, c'est sympa d'être ici. Il y a six mois nous n'étions que quatre à travailler dans une usine vide. D'être ici en tant que véritable écurie de F1 est un accomplissement. Nous ne pourrions être en meilleure forme, vu le temps dont nous disposions. Nous avons toujours dit que nous serions ici, que nous serions professionnels et fiables, et nous avons fait ce que nous avions dit que nous ferions. Maintenant il faut s'y mettre et être rapides. Pour tous ceux qui ont dit que les nouvelles équipes ne devaient pas se trouver ici, vous avez vu Heikki se battre contre Hulkenberg, alors... Nous sommes ici, nous courrons... Allez vous faire f... !
Avez-vous traversé une période où vous doutiez de vous rendre au Bahreïn ?
Non, parfois je m'inquiétais de l'état dans lequel j'y serais, mais jamais aucun doute à l'effet que nous n'y serions pas. En fait, la partie qui aurait pu être perçue comme étant difficile - la voiture - a toujours rencontré ses délais. C'était plutôt les choses auxiliaires - que les gens arrivent à temps, les 25 tonnes de fret... Lorsque vous êtes une équipe établie, vous ne le remarquez pas. Mais quand tout arrive à la porte arrière d'un seul coup, vous réalisez alors qu'il y en a beaucoup. Tout ça est arrivé dans le dernier mois. À Noël nous n'étions toujours que 20 personnes.
Comment avez-vous trouvé tout votre personnel ?
Partout où je suis allé depuis Tyrrell, j'ai toujours bâti des équipes en utilisant les gens déjà en place. Ce qui fait partie du plaisir lorsqu'on part de rien, c'est qu'on hérite aucun bagage politique - tout est nouveau. Je pouvais recruter des gens que je connaissais déjà d'ailleurs, qui non seulement font bien leur travail mais qui ont des personnalités qui travailleront bien ensemble. Ils ont la bonne mentalité, et c'est ce qui est merveilleux avec cette équipe.
Est-ce que Tony Fernandes vous accorde une liberté totale ?
Tony investit beaucoup de son argent dans cette équipe, et n'importe qui faisant cela ne vous accorde pas une liberté totale. Nous devons nous justifier et nous maintenir à l'intérieur de budgets contrôlés de près, et c'est correct. Évidemment il porte les chapeaux de Malaisien et d'homme d'affaires, et de ce qu'il veut en retirer commercialement. Techniquement il nous soutient, mais il a son mot à dire.
"Il n'y a pas d'essais. Alors comment voulez-vous que HRT augmente son rythme si vous leurs dites 'Non, vous ne pouvez pas courir' ? Ça démontre que le processus d'inscription doit être plus long."
Est-ce que US F1 devrait avoir le droit de courir l'année prochaine ?
La FIA doit être juste et ouvrir un appel d'offres, et au cours de ce processus vous devez examiner les performances antérieures des gens. Je crois qu'il pourrait être très important pour la F1 d'avoir une équipe basée aux États-Unis pour ainsi augmenter la visibilité du sport aux USA. Donc, je crois que c'est très dommage [que US F1 ne soit pas sur la grille cette année], car nous savons mieux que quiconque à quel point c'est difficile. Mais ça ne paraît pas bien pour le sport. J'aimerais voir [une représentation américaine] fonctionner, mais j'aimerais que ce soit proprement fait.
Êtes-vous pour ou contre la réintroduction de la règle des 107% lors des qualifications ?
La F1 est très serrée et toute nouvelle écurie débutera de l'arrière. Vous n'avez que quelques mois pour fabriquer la voiture alors vous n'allez pas rattraper les équipes qui font ça depuis des années. Personnellement je voterais non car la saison a débuté et ce n'était pas dans le règlement. Mais nous sommes bien à l'intérieur du 107% alors on s'en fout ! Il n'y a pas d'essais. Alors comment voulez-vous que HRT augmente son rythme si vous leurs dites 'Non, vous ne pouvez pas courir' ? Ça démontre que le processus d'inscription doit être plus long. Ce que je veux dire, c'est que nous l'avons fait de façon très professionnelle, mais je suis certain qu'avoir eu une année, nous serions en train de courir contre Sauber et Toro Rosso au milieu du peloton. Et vous devez avoir du sang neuf, sinon la F1 va se dessécher et mourir. Et de toute façon, des voitures courent au Mans avec de grandes différences de vitesse, quelque chose comme une minute au tour, et ils courent de nuit et sous la pluie.
Vous êtes heureux ?
Oui, j'ai immensément aimé les six derniers mois. Ce fut excitant et difficile, et je travaille avec ma copine Silvi qui faisait partie des quatre originaux. Vous pourriez dire que Toyota et Force India ont été des années très difficiles et malheureuses. La seule difficulté maintenant, c'est qu'en déménageant à Norfolk [Angleterre] je ne peux voir les enfants qu'un weekend sur deux. Mais ils me donnent beaucoup de soutien. Avant les qualifs au Bahreïn, j'ai reçu un courriel de ma fille me disant qu'elle regardait la télé et encourageait Lotus. Elle a 13 ans et est fière de son papa - et elle n'avait jamais été intéressée auparavant.
Et vous êtes revenu à vos racines...
Le gars de Norfolk retourne à la maison. Lotus était à huit kilomètres de mon école. Tout ce qu'il nous reste à faire c'est de convaincre Tony d'acheter le Norwich FC et nous serons bien casés.
Sur le sujet de votre jeunesse, apparemment vous avez des jeux d'arcade sur le plancher de l'usine ?
Ouais, nous avons un flipper [pinball] et quelques-uns des vieux jeux rétro. Et vous vous souvenez de ces vieux jeux en forme de table à café dans les pubs ? J'en ai un dans mon bureau en fait. Et il y a un PS3 avec un siège de course. Tony voulait que ça soit différent... Faire quelque chose pour que les gars puissent relaxer...
Est-ce que Colin Chapham a été un héros pour vous ?
Nous avions la Lotus 88 avec le châssis double dans l'atelier et j'ai vraiment aimé... c'était très ingénieux. Un grand innovateur, et plus qu'un ingénieur. Il était un personnage. Il était quelqu'un qui m'inspirait énormément. Ce serait inapproprié de faire des comparaisons entre lui et moi, car par ses accomplissements il est supérieur à quiconque dans ce sport.
Vous auriez aimé travailler à cette époque ?
Mon premier amour a été l'aviation et j'aurais adoré y travailler, ou dans l'industrie spatiale des années 1950 et 1960 car il s'agissait de grandes époques innovatrices; c'était la même chose pour les sports motorisés. Vous pouvez toujours réfléchir au 'Et si...' mais je suis très heureux de la façon dont ma carrière a évolué. Et quand je déciderai que le moment est arrivé, Silvi et moi partirons faire de la voile.
Comment ça va (chez Lotus) ?
Bien, c'est sympa d'être ici. Il y a six mois nous n'étions que quatre à travailler dans une usine vide. D'être ici en tant que véritable écurie de F1 est un accomplissement. Nous ne pourrions être en meilleure forme, vu le temps dont nous disposions. Nous avons toujours dit que nous serions ici, que nous serions professionnels et fiables, et nous avons fait ce que nous avions dit que nous ferions. Maintenant il faut s'y mettre et être rapides. Pour tous ceux qui ont dit que les nouvelles équipes ne devaient pas se trouver ici, vous avez vu Heikki se battre contre Hulkenberg, alors... Nous sommes ici, nous courrons... Allez vous faire f... !
Avez-vous traversé une période où vous doutiez de vous rendre au Bahreïn ?
Non, parfois je m'inquiétais de l'état dans lequel j'y serais, mais jamais aucun doute à l'effet que nous n'y serions pas. En fait, la partie qui aurait pu être perçue comme étant difficile - la voiture - a toujours rencontré ses délais. C'était plutôt les choses auxiliaires - que les gens arrivent à temps, les 25 tonnes de fret... Lorsque vous êtes une équipe établie, vous ne le remarquez pas. Mais quand tout arrive à la porte arrière d'un seul coup, vous réalisez alors qu'il y en a beaucoup. Tout ça est arrivé dans le dernier mois. À Noël nous n'étions toujours que 20 personnes.
Comment avez-vous trouvé tout votre personnel ?
Partout où je suis allé depuis Tyrrell, j'ai toujours bâti des équipes en utilisant les gens déjà en place. Ce qui fait partie du plaisir lorsqu'on part de rien, c'est qu'on hérite aucun bagage politique - tout est nouveau. Je pouvais recruter des gens que je connaissais déjà d'ailleurs, qui non seulement font bien leur travail mais qui ont des personnalités qui travailleront bien ensemble. Ils ont la bonne mentalité, et c'est ce qui est merveilleux avec cette équipe.
Est-ce que Tony Fernandes vous accorde une liberté totale ?
Tony investit beaucoup de son argent dans cette équipe, et n'importe qui faisant cela ne vous accorde pas une liberté totale. Nous devons nous justifier et nous maintenir à l'intérieur de budgets contrôlés de près, et c'est correct. Évidemment il porte les chapeaux de Malaisien et d'homme d'affaires, et de ce qu'il veut en retirer commercialement. Techniquement il nous soutient, mais il a son mot à dire.
"Il n'y a pas d'essais. Alors comment voulez-vous que HRT augmente son rythme si vous leurs dites 'Non, vous ne pouvez pas courir' ? Ça démontre que le processus d'inscription doit être plus long."
Est-ce que US F1 devrait avoir le droit de courir l'année prochaine ?
La FIA doit être juste et ouvrir un appel d'offres, et au cours de ce processus vous devez examiner les performances antérieures des gens. Je crois qu'il pourrait être très important pour la F1 d'avoir une équipe basée aux États-Unis pour ainsi augmenter la visibilité du sport aux USA. Donc, je crois que c'est très dommage [que US F1 ne soit pas sur la grille cette année], car nous savons mieux que quiconque à quel point c'est difficile. Mais ça ne paraît pas bien pour le sport. J'aimerais voir [une représentation américaine] fonctionner, mais j'aimerais que ce soit proprement fait.
Êtes-vous pour ou contre la réintroduction de la règle des 107% lors des qualifications ?
La F1 est très serrée et toute nouvelle écurie débutera de l'arrière. Vous n'avez que quelques mois pour fabriquer la voiture alors vous n'allez pas rattraper les équipes qui font ça depuis des années. Personnellement je voterais non car la saison a débuté et ce n'était pas dans le règlement. Mais nous sommes bien à l'intérieur du 107% alors on s'en fout ! Il n'y a pas d'essais. Alors comment voulez-vous que HRT augmente son rythme si vous leurs dites 'Non, vous ne pouvez pas courir' ? Ça démontre que le processus d'inscription doit être plus long. Ce que je veux dire, c'est que nous l'avons fait de façon très professionnelle, mais je suis certain qu'avoir eu une année, nous serions en train de courir contre Sauber et Toro Rosso au milieu du peloton. Et vous devez avoir du sang neuf, sinon la F1 va se dessécher et mourir. Et de toute façon, des voitures courent au Mans avec de grandes différences de vitesse, quelque chose comme une minute au tour, et ils courent de nuit et sous la pluie.
Vous êtes heureux ?
Oui, j'ai immensément aimé les six derniers mois. Ce fut excitant et difficile, et je travaille avec ma copine Silvi qui faisait partie des quatre originaux. Vous pourriez dire que Toyota et Force India ont été des années très difficiles et malheureuses. La seule difficulté maintenant, c'est qu'en déménageant à Norfolk [Angleterre] je ne peux voir les enfants qu'un weekend sur deux. Mais ils me donnent beaucoup de soutien. Avant les qualifs au Bahreïn, j'ai reçu un courriel de ma fille me disant qu'elle regardait la télé et encourageait Lotus. Elle a 13 ans et est fière de son papa - et elle n'avait jamais été intéressée auparavant.
Et vous êtes revenu à vos racines...
Le gars de Norfolk retourne à la maison. Lotus était à huit kilomètres de mon école. Tout ce qu'il nous reste à faire c'est de convaincre Tony d'acheter le Norwich FC et nous serons bien casés.
Sur le sujet de votre jeunesse, apparemment vous avez des jeux d'arcade sur le plancher de l'usine ?
Ouais, nous avons un flipper [pinball] et quelques-uns des vieux jeux rétro. Et vous vous souvenez de ces vieux jeux en forme de table à café dans les pubs ? J'en ai un dans mon bureau en fait. Et il y a un PS3 avec un siège de course. Tony voulait que ça soit différent... Faire quelque chose pour que les gars puissent relaxer...
Est-ce que Colin Chapham a été un héros pour vous ?
Nous avions la Lotus 88 avec le châssis double dans l'atelier et j'ai vraiment aimé... c'était très ingénieux. Un grand innovateur, et plus qu'un ingénieur. Il était un personnage. Il était quelqu'un qui m'inspirait énormément. Ce serait inapproprié de faire des comparaisons entre lui et moi, car par ses accomplissements il est supérieur à quiconque dans ce sport.
Vous auriez aimé travailler à cette époque ?
Mon premier amour a été l'aviation et j'aurais adoré y travailler, ou dans l'industrie spatiale des années 1950 et 1960 car il s'agissait de grandes époques innovatrices; c'était la même chose pour les sports motorisés. Vous pouvez toujours réfléchir au 'Et si...' mais je suis très heureux de la façon dont ma carrière a évolué. Et quand je déciderai que le moment est arrivé, Silvi et moi partirons faire de la voile.