Où : Grand Prix de France - Circuit Dijon-Prenois Quand : 1et juillet 1979
La maison de René Arnoux, située à l'ouest de Paris, donne l'impression qu'une bande d'enfants en ont pris le contrôle; mais un seul gamin y habite. C'est empli de jouets et d'animaux en peluche, et compte même quelques flippers des années 1980. Des objets de collection Ferrari parsèment la salle de séjour, et il y a un bon nombre de trophées... On ne les trouve pas sur des présentoirs, mais plutôt un peu partout sur le plancher et sur des tablettes, comme s'ils attendaient d'être placés derrière une vitrine.
Cela ressemble à la demeure d'une star de go-kart âgé de 14 ans. Mais le propriétaire de cette maison - et de ces trophées - fut une moitié de la plus spectaculaire course roue-contre-roue de tous les temps.
Son trophée de la 3e place au Grand Prix de France 1979 peut être trouvé dans son bureau, aux côtés de plusieurs vieux casques blancs. Et il y a un modèle réduit de la Ferrari 312T4 de Gilles Villeneuve.
Arnoux et Villeneuve se battaient durement et honorablement, et Dijon 1979 en est le plus bel exemple. Ce fut le duel de la décennie. Les deux hommes ont salué cette course comme étant leur meilleure et, plus que toute victoire, c'est la favorite de René Arnoux.
"Jean-Pierre Jabouille est toujours mécontent car les gens oublient qu'il a remporté la course," souligne Arnoux en contemplant quelques photos de cette journée. "Toute l'attention était sur Gilles et moi. Le duel avec Gilles est une chose que je n'oublierai jamais. Vous ne pouvez piloter comme ça qu'avec une personne en qui vous avez une confiance totale. C'était la meilleure course de tous les temps, et elle ne pouvait avoir lieu qu'entre nous deux."
Avec la possibilité d'un doublé Renault à domicile, Arnoux était prêt à se frayer un chemin à la dure pour passer devant la Ferrari de Villeneuve. Mais Villeneuve était tout autant déterminé à rester devant. Au 76e tour, Arnoux se préparait à frapper pour enfin voler au canadien sa seconde position. Villeneuve bloqua ses roues en freinant au virage Vileroy, et Arnoux passa par l'intérieur. La foule française devint complètement folle.
"Gilles avait un problème avec ses freins, et moi j'avais un problème avec la pression de la ligne de carburant. On poussait si fort tous les deux."
Les pneus de la Ferrari étaient peut-être détruits, mais personne ne prit la peine d'aviser Villeneuve. Deux tours plus tard il freina très fortement, la fumée blanche s'échappant de ses pneus devant, mais put prendre la trajectoire et saisir la position de nouveau lors de l'avant-dernier tour.
C'était alors au tour de la Renault de lutter, Arnoux fonçant au-delà de ses limites. "Mon moteur souffrait, mais je voulais la deuxième place et je poussais fort. Je tentais tout ce que je pouvais pour la garder."
Un tour plus tard, personne ne remarqua que Jabouille, le coéquipier d'Arnoux, avait gagné. Tous les regards étaient sur la lutte pour la seconde place, un demi-tour derrière. Les deux voitures étaient côte-à-côte. Villeneuve bloqua ses roues, laissant Arnoux passer, mais il se battait toujours, éraflant la peinture et cognant les pneus. Assez pour pousser la Renault d'Arnoux hors piste, mais il revint aussitôt, jetant des pierres et de la terre sur le bitume.
"Gilles m'a frappé très fort, et je me suis retrouvé complètement à l'extérieur de la piste. Je suis revenu et au prochain virage, c'était la même chose : bing, boum, bang ! Mon châssis a été très endommagé et je savais que les gars de Viry-Chatillon [à l'usine] seraient occupés au cours de la semaine suivante."
Avec moins d'un tiers du dernier tour à faire, les deux voitures séparées par quelques dizaines de centimètres bondaient à 240km/h à travers la section Virage de la Combe-Courbe de Pouas. Mais Arnoux fut incapable de donner l'assaut final. La seconde place appartenait à Villeneuve.
"Il m'a battu, oui, et en France...," dit Arnoux, réfléchissant sur ce qui aurait pu être. "Mais ça ne m'a pas embêté. Je savais que j'avais été battu par le meilleur pilote au monde."
"Contre un autre pilote peut-être, j'aurais terminé deuxième."
La maison de René Arnoux, située à l'ouest de Paris, donne l'impression qu'une bande d'enfants en ont pris le contrôle; mais un seul gamin y habite. C'est empli de jouets et d'animaux en peluche, et compte même quelques flippers des années 1980. Des objets de collection Ferrari parsèment la salle de séjour, et il y a un bon nombre de trophées... On ne les trouve pas sur des présentoirs, mais plutôt un peu partout sur le plancher et sur des tablettes, comme s'ils attendaient d'être placés derrière une vitrine.
Cela ressemble à la demeure d'une star de go-kart âgé de 14 ans. Mais le propriétaire de cette maison - et de ces trophées - fut une moitié de la plus spectaculaire course roue-contre-roue de tous les temps.
Son trophée de la 3e place au Grand Prix de France 1979 peut être trouvé dans son bureau, aux côtés de plusieurs vieux casques blancs. Et il y a un modèle réduit de la Ferrari 312T4 de Gilles Villeneuve.
Arnoux et Villeneuve se battaient durement et honorablement, et Dijon 1979 en est le plus bel exemple. Ce fut le duel de la décennie. Les deux hommes ont salué cette course comme étant leur meilleure et, plus que toute victoire, c'est la favorite de René Arnoux.
"Jean-Pierre Jabouille est toujours mécontent car les gens oublient qu'il a remporté la course," souligne Arnoux en contemplant quelques photos de cette journée. "Toute l'attention était sur Gilles et moi. Le duel avec Gilles est une chose que je n'oublierai jamais. Vous ne pouvez piloter comme ça qu'avec une personne en qui vous avez une confiance totale. C'était la meilleure course de tous les temps, et elle ne pouvait avoir lieu qu'entre nous deux."
Avec la possibilité d'un doublé Renault à domicile, Arnoux était prêt à se frayer un chemin à la dure pour passer devant la Ferrari de Villeneuve. Mais Villeneuve était tout autant déterminé à rester devant. Au 76e tour, Arnoux se préparait à frapper pour enfin voler au canadien sa seconde position. Villeneuve bloqua ses roues en freinant au virage Vileroy, et Arnoux passa par l'intérieur. La foule française devint complètement folle.
"Gilles avait un problème avec ses freins, et moi j'avais un problème avec la pression de la ligne de carburant. On poussait si fort tous les deux."
Les pneus de la Ferrari étaient peut-être détruits, mais personne ne prit la peine d'aviser Villeneuve. Deux tours plus tard il freina très fortement, la fumée blanche s'échappant de ses pneus devant, mais put prendre la trajectoire et saisir la position de nouveau lors de l'avant-dernier tour.
C'était alors au tour de la Renault de lutter, Arnoux fonçant au-delà de ses limites. "Mon moteur souffrait, mais je voulais la deuxième place et je poussais fort. Je tentais tout ce que je pouvais pour la garder."
Un tour plus tard, personne ne remarqua que Jabouille, le coéquipier d'Arnoux, avait gagné. Tous les regards étaient sur la lutte pour la seconde place, un demi-tour derrière. Les deux voitures étaient côte-à-côte. Villeneuve bloqua ses roues, laissant Arnoux passer, mais il se battait toujours, éraflant la peinture et cognant les pneus. Assez pour pousser la Renault d'Arnoux hors piste, mais il revint aussitôt, jetant des pierres et de la terre sur le bitume.
"Gilles m'a frappé très fort, et je me suis retrouvé complètement à l'extérieur de la piste. Je suis revenu et au prochain virage, c'était la même chose : bing, boum, bang ! Mon châssis a été très endommagé et je savais que les gars de Viry-Chatillon [à l'usine] seraient occupés au cours de la semaine suivante."
Avec moins d'un tiers du dernier tour à faire, les deux voitures séparées par quelques dizaines de centimètres bondaient à 240km/h à travers la section Virage de la Combe-Courbe de Pouas. Mais Arnoux fut incapable de donner l'assaut final. La seconde place appartenait à Villeneuve.
"Il m'a battu, oui, et en France...," dit Arnoux, réfléchissant sur ce qui aurait pu être. "Mais ça ne m'a pas embêté. Je savais que j'avais été battu par le meilleur pilote au monde."
"Contre un autre pilote peut-être, j'aurais terminé deuxième."